07-08-2025 07:00 - Mauritanie : crise de gouvernance, l’exécutif sous pression

Mauritanie : crise de gouvernance, l’exécutif sous pression

Le Rénovateur Quotidien - Alors qu’une partie du gouvernement est encore en vacances et que la rentrée politique est attendue pour la fin août, la Mauritanie s’enfonce dans une série de crises qui fragilisent la cohésion nationale.

Pénuries d’eau, délestages électriques, services publics en souffrance : les urgences s’accumulent, tandis que les réponses tardent. En filigrane, c’est toute l’efficacité de l’exécutif qui est remise en cause.

À Nouakchott, plusieurs quartiers sont privés d’eau depuis plus de dix jours. À Nouadhibou, une simple réparation de conduite d’eau se transforme en feuilleton technique sans fin.

Les coupures d’électricité, elles, deviennent un fait quotidien, paralysant l’activité économique et minant la patience des populations. Partout, le ras-le-bol monte, alimenté par un sentiment croissant de déconnexion entre le pouvoir et les réalités du terrain.

Flou gouvernemental et lassitude populaire

Dans ce contexte tendu, la communication du gouvernement reste confuse, parfois absente. Les promesses s’accumulent sans échéance, les explications techniques peinent à convaincre, et le silence devient suspect. Ce manque de transparence est d’autant plus mal vécu qu’il contraste avec l’urgence des besoins exprimés. Les Mauritaniens, confrontés à des difficultés élémentaires, attendent des réponses claires, des décisions fermes, et surtout des résultats.

Car si l’exécutif est le prolongement du pouvoir élu, il ne saurait se soustraire à son obligation de rendre des comptes. Et lorsque l’action publique échoue, le devoir politique est clair : reconnaître, corriger, ou se retirer.

Ould Diay face à l’épreuve de l’autorité

Le Premier ministre Moctar Ould Diay ne manque pas de dynamisme. Réputé pour sa capacité à mobiliser ses équipes et à galvaniser l’action gouvernementale, il incarne un style plus direct, plus engagé. Mais cette énergie ne suffit plus. L’heure est venue pour lui d’assumer pleinement son autorité. Il doit, sans détour, se séparer des ministres défaillants — ceux dont l’inaction, l’impréparation ou l’incompétence pèsent lourdement sur le fonctionnement de l’État.

Oui, cela fera mal. Oui, cela heurtera des équilibres politiques ou des intérêts installés. Mais l’intérêt de la Mauritanie prime sur les privilèges individuels. Le pays n’a plus les moyens de traîner des poids morts dans un moment aussi critique.

Une rentrée à hauts risques

La rentrée gouvernementale ne peut être une reprise routinière. Elle doit marquer une rupture nette avec l’inertie des derniers mois. Face à des enjeux aussi fondamentaux que l’accès à l’eau, à l’électricité ou aux services publics de base, la population attend autre chose qu’un jeu de façade : elle attend de l’action, du courage et des résultats tangibles.

Faute de ce sursaut, la défiance envers les institutions continuera de croître, nourrissant frustrations, tensions sociales et instabilité. Le gouvernement doit comprendre que sa légitimité ne repose plus uniquement sur sa nomination, mais sur sa capacité à agir efficacement. Et vite.





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Commentaires (4)

  • clean clean (H) 07/08/2025 16:46 X

    Toujours prompt à occuper les micros, à multiplier les déclarations et à se mettre en scène, ce Premier ministre ne rate jamais une occasion de parler… sauf quand le pays brûle. Face aux coupures d’électricité à répétition et à la pénurie d’eau qui étrangle les foyers, il se mure dans un silence lâche et complice. Ce mutisme n’est pas anodin : il révèle le vrai visage du populisme. Ces politiciens de façade ne s’expriment que quand ça les arrange, quand il s’agit de discours creux ou d’annonces sans lendemain. Mais quand la réalité frappe les citoyens de plein fouet, ils disparaissent, incapables d’assumer leurs responsabilités. Un chef de gouvernement qui fuit les crises perd toute légitimité. À ce niveau d’indifférence, ce n’est plus du mépris, c’est de la trahison.

  • clean clean (H) 07/08/2025 16:43 X

    L’arroseur arrosé. En s’attaquant au manque de transparence dans les recrutements de l’administration, le Premier ministre croyait sans doute détourner l’attention. Il fustige les faux diplômes et l’incompétence des agents publics, oubliant que son propre parcours et son bilan gouvernemental incarnent à eux seuls le naufrage de l’État. Sous sa direction, la gestion du pays frôle l’amateurisme, et la souffrance des citoyens s’est banalisée. L’accès à l’eau potable et à l’électricité — des droits fondamentaux, pas des luxes — est devenu un parcours du combattant. Chaque jour, les Mauritaniens subissent les conséquences de son inaction, de ses choix déconnectés et de son incapacité notoire à gouverner avec efficacité. Ce Premier ministre qui dénonce les autres devrait commencer par se regarder dans un miroir : son propre échec est accablant. Il ne pilote rien, il dérive. Et avec lui, c’est tout un pays qui s’enfonce. À ce niveau d’incompétence, la démission ne serait pas un acte de courage, mais un minimum de décence.

  • Hartaniya Firilile (H) 07/08/2025 07:59 X

    Le retrait du gouvernement actuel est souhaité par de nombreux Mauritaniens, déçus par son approche perçue comme clanique et inefficace face aux attentes populaires. Le ministre des finances, critiqué pour dissimuler ses échecs derrière l'arabisation monétaire, contribue à l'impression d'un pays qui n'existe plus que nominalement. Le premier ministre, devenu pratiquement invisible sauf sur quelques sites médiatiques qu'il contrôlerait, suscite une déception prévisible.

  • Hartaniya Firilile (H) 07/08/2025 07:59 X

    Comment un ancien ministre des finances sous Aziz pourrait-il réussir là où des personnes plus compétentes ont échoué? Il serait préférable que cette équipe se retire pour laisser place à d'autres représentants issus de différentes tribus et soutiens claniques, même s'ils sont considérés comme moins expérimentés politiquement. Eux aussi videront les caisses de l’état a leur tour sans contrôle, actuellement en Mauritanie, ce qui compte c’est la tribu qui doit gérer le pays et non les compétences qui doivent occuper les places qu’il faut, s’ils sont noirs, ils n’ont pas de chance, autant donner la gouvernance aux prochains bergers.