08-08-2025 18:00 - ONISPA : un concours calibré pour valider des choix déjà faits ?

Le Rénovateur Quotidien - L’Office National d’Inspection Sanitaire des Produits de la Pêche et de l’Aquaculture (ONISPA) a récemment publié un avis de concours pour le recrutement de 15 agents, censé être ouvert à tous les citoyens mauritaniens.
Mais derrière cette annonce, censée incarner l’égalité des chances, se cache un processus que beaucoup jugent biaisé, voire verrouillé. Car à y regarder de près, les conditions fixées rendent l’accès pratiquement impossible pour la majorité des postulants.
Un critère qui exclut presque tous les candidats
Au cœur du débat : une exigence d’expérience de deux ans dans un laboratoire accrédité selon les normes ISO 17025 ou ISO 17020. Or, en Mauritanie, un seul établissement détient ces accréditations : l’ONISPA lui-même. Ce qui signifie, en pratique, que seuls les agents déjà en poste dans l’institution remplissent ce critère.
Les jeunes diplômés, même brillants et formés en laboratoires nationaux ou à l’étranger, sont automatiquement écartés. Les stages, les expériences dans des structures non accréditées ou les compétences scientifiques reconnues n’entrent tout simplement pas en ligne de compte. Le concours, dans son format actuel, ne semble donc pas conçu pour sélectionner les meilleurs profils disponibles, mais plutôt pour légitimer ceux déjà en place.
Une opération de régularisation déguisée
Derrière les apparences d’un concours public se profile une réalité plus opaque. Le processus ressemble moins à une ouverture nationale qu’à une opération de régularisation maquillée, visant à officialiser l’intégration d’agents contractuels n’ayant jamais été recrutés par voie de concours. Autrement dit, on simule un appel à candidatures tout en verrouillant l’accès dès les premières lignes du cahier des charges.
Une telle manœuvre interroge. Elle soulève des questions fondamentales sur la transparence du processus, mais aussi sur la finalité même de ce concours : s’agit-il réellement de recruter les profils les plus compétents, ou simplement de régulariser une situation administrative sans débat public ?
Une jeunesse découragée, un système fragilisé
Pour les jeunes mauritaniens, déjà confrontés à un marché du travail étroit et saturé, le message est désespérant. Lorsqu’un concours présenté comme national s’avère inaccessible à 99 % des diplômés, le mérite devient illusoire, l’effort inutile, la confiance dans les institutions gravement entamée.
Car au-delà de ce cas précis, c’est un principe fondamental qui est mis en cause : celui de l’égalité des chances. Comment continuer à encourager l’excellence et l’investissement personnel si les concours deviennent des formalités écrites pour des candidats désignés à l’avance ? Quelle légitimité donner à des recrutements où le résultat semble connu d’avance ?
Un impératif de transparence et d’équité
Il revient désormais à la Commission nationale des concours, au ministère de la Fonction publique, ainsi qu’aux autorités de tutelle, d’apporter des réponses claires. Un réexamen des critères d’éligibilité s’impose, non par indulgence, mais au nom d’un principe républicain fondamental : le droit égal pour chaque citoyen d’accéder à un emploi public par le mérite.
Sans ce sursaut, la confiance déjà fragile entre la jeunesse et les institutions risque de s’éroder davantage. Et avec elle, la légitimité même des concours publics, censés représenter l’ultime rempart contre les dérives clientélistes.