09-08-2025 16:49 - Langue et administration : sortir de l’incantation, revenir au réel

Langue et administration : sortir de l’incantation, revenir au réel

Le Rénovateur Quotidien - Une récente circulaire du ministère des Finances est venue rappeler, avec un sérieux presque solennel, que l’arabe doit être le principal vecteur linguistique dans les services publics. Rien de nouveau en soi, si ce n’est une volonté manifeste de faire exister un débat là où il n’y a qu’une réalité fonctionnelle.

Dans les structures de l’État, ce n’est pas la langue affichée sur une note de service qui garantit l’efficacité. C’est la clarté du message, la précision des procédures, et la capacité à se comprendre sans perte de temps.

Les agents publics, pour la plupart, utilisent au quotidien la langue dans laquelle ils peuvent aller droit au but, sans erreurs ni blocages. Et souvent, ce n’est pas celle que certains voudraient leur imposer par nostalgie, posture ou calcul politique.

Le cadre institutionnel n’est pas un espace pour rejouer les débats identitaires. Ce n’est ni une scène poétique, ni un forum de revendication culturelle. C’est une machine qui doit tourner, produire, livrer des résultats concrets. La langue – ou plutôt, le moyen d’expression utilisé pour faire ce travail – n’est qu’un outil, pas une fin en soi.

La vérité est simple : la langue ne règle ni la question de la soif, ni celle des délestages. La soif n’a qu’un seul langage : la gorge sèche. Et face aux coupures d’eau ou à l’obscurité, les discours bien tournés n’éclairent ni les maisons ni les perspectives.

Il faut avoir le courage de le dire : beaucoup de cadres de ce pays sont formés et outillés dans une langue autre que celle que certains cherchent à promouvoir à travers des circulaires. Ce n’est pas un drame. Ce n’est pas une trahison. C’est une réalité. Et refuser de la regarder en face, c’est créer des obstacles là où il faudrait alléger les contraintes.

L’unité nationale ne se construit pas par l’imposition, mais par la rationalité et le respect de chacun dans ce qu’il est de différent. Elle se bâtit dans la confiance, dans la reconnaissance des compétences, et dans le refus des injonctions inutiles.

Les institutions publiques ont besoin de silence, de méthode et de résultats – pas de bruit inutile. Aux Finances, les vrais enjeux sont dans les chiffres, pas dans le style des formulaires. Laissons les symboles aux discours, et les outils aux techniciens.

Laissons enfin les Mauritaniens travailler et communiquer comme ils savent le faire : avec pragmatisme, dans la langue qu’ils maîtrisent, au service du pays. Ce n’est pas une bataille de mots. C’est une question de bon sens.





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Commentaires (6)

  • sayre (H) 11/08/2025 08:03 X

    Vraiment c'est un très bon article qui a tout détaillé! Je n'ai rien à ajouter!

  • Sidi Med vall (H) 09/08/2025 17:39 X

    J'attendais depuis quelques jours qu'un site électronique ou une publication sur Cridem aborde ce sujet pour dire à notre fougueux et triste ministre de l'Économie et des Finances qu'il avait d'autres préoccupations plus importantes que d'imposer la langue arabe dans les correspondances administratives, une mesure qui n'a d'impact qu'en interne.

  • Sidi Med vall (H) 09/08/2025 17:39 X

    Monsieur le ministre, alors que votre politique économique est un échec et que vous ne savez plus quel discours tenir face aux Mauritaniens, vous vous rabattez sur la question de la langue arabe pour dissimuler vos insuffisances. Une langue n'est pas une richesse économique, c'est simplement un moyen de communication permettant la compréhension mutuelle et le partage culturel.

  • Sidi Med vall (H) 09/08/2025 17:39 X

    Vous avez échoué à la tête d'un ministère rempli de proches - cousins, cousines, fils, sœurs et autres personnes sans qualifications qui ne savent ni lire ni écrire, et qui refusent d'apprendre à gérer l'argent public sans le détourner. En utilisant la langue et les chiffres arabes, on peut facilement prétendre que les erreurs proviennent de l'écriture et non des actes répréhensibles.

  • Sidi Med vall (H) 09/08/2025 17:38 X

    Monsieur le ministre, vous avez affirmé dans l'une de vos déclarations au ministère du pétrole que les bureaux sont occupés par des cadres incompétents, que ces cadres et ingénieurs ne maîtrisent pas la mise en place d'un programme de gestion et de suivi pour certaines directions comme celle des hydrocarbures.

  • Sidi Med vall (H) 09/08/2025 17:38 X

    Vous auriez même tenu ces propos devant un diplomate qui serait reparti profondément troublé après votre entretien. Il serait plus juste de reconnaître que c'est l'usage de la langue arabe ou hassanya, que vous imposez en complément de l'arabe, qui constitue un échec majeur. Vous vous distinguez comme le ministre le plus cynique de l'histoire gouvernementale mauritanienne et comme la personnalité la moins appréciée de la république.