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Mali : l’AES réclame la fin des entraves au droit d’accès à la mer
Apanews -
L’AES a dénoncé à l’ONU des entraves à son droit d’accès à la mer, qu’elle juge contraires aux conventions internationales et motivées par des pressions politiques.
A la tribune de la troisième Conférence des Nations unies sur les pays en développement sans littoral (PDSL), qui se tient à Azawa, au Turkménistan, la Confédération des États du Sahel (AES) a dénoncé ce qu’elle qualifie de violations répétées du droit d’accès à la mer garanti par les conventions internationales, ce mardi 5 août 2025.
Représentée par le Premier ministre malien, le général Abdoulaye Maïga, l’AES a appelé à une condamnation explicite par les Nations unies des mesures qui, selon elle, visent à isoler ses membres sur les plans logistique, économique et stratégique.
La Confédération, regroupant le Burkina Faso, le Mali et le Niger, a rappelé qu’elle constitue un espace sans débouché maritime de près de trois millions de kilomètres carrés et compte environ soixante-quinze millions d’habitants. Malgré des ressources naturelles abondantes, la région fait face à des contraintes structurelles liées à son enclavement. À cela s’ajoutent, selon le discours prononcé, des décisions unilatérales de fermeture de corridors, perçues comme des mesures de pression politique.
Le discours s’appuie notamment sur la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (Montego Bay, 1982) et la Convention de 1965 relative au commerce de transit des États sans littoral, pour rappeler que l’accès à la mer et depuis la mer constitue un droit opposable. L’AES considère que ce droit a été restreint au cours des deux dernières années et évoque une instrumentalisation des routes commerciales dans le cadre de tensions régionales et de réajustements diplomatiques.
Trois pays côtiers sont explicitement cités pour leur position jugée constructive. Im s’agit de la Guinée, la Mauritanie et le Togo, qui, selon l’AES, n’ont pas fermé leurs frontières et ont maintenu leurs voies de transit ouvertes, en dépit de pressions extérieures.
La Confédération a inscrit sa participation dans la perspective d’un réexamen des engagements issus du Programme d’action de Vienne 2014–2024, dont l’évaluation constitue l’un des points centraux de la conférence d’Awaza. Elle a également insisté sur la nécessité de faire de la prochaine décennie un cycle de rattrapage économique et logistique pour les PDSL.
L’AES a évoqué les mesures déjà mises en œuvre à l’échelle régionale, parmi lesquelles la création d’une Banque Confédérale pour l’Investissement et le Développement. Cette institution censée voir le jour avant fin 2025, est chargée de soutenir des projets liés aux infrastructures, à l’énergie, à l’industrialisation et à la diversification économique. Le discours a souligné l’importance d’une transformation locale accrue des matières premières, dans le but de réduire la dépendance aux chaînes logistiques extérieures.
En matière de sécurité, le chef du gouvernement malien a mentionné la poursuite d’opérations militaires dans les zones sahéliennes, avec, selon ses mots, des résultats significatifs dans le démantèlement de groupes armés. Il a également réaffirmé l’accusation, déjà portée dans d’autres enceintes, de soutien étatique étranger à ces mouvements.
Sur le plan fiscal, la Confédération a exprimé un soutien à la négociation en cours d’une Convention-cadre des Nations unies sur la coopération en matière fiscale. Elle a mis en avant le lien entre la transparence dans les échanges commerciaux, la lutte contre les fraudes fiscales des multinationales et la capacité des États à mobiliser leurs propres ressources. L’AES estime que la mise en place de règles contraignantes dans ce domaine réduirait les pertes liées à l’exploitation des ressources extractives.
Le discours s’est conclu par un appel à la révision des systèmes d’évaluation du risque appliqués aux pays sans littoral, jugés trop pénalisants dans l’accès au financement international. La Confédération propose que d’ici 2030, les institutions financières internationales adoptent des critères adaptés aux réalités des pays enclavés à faible revenu.
Tout au long de son intervention, l’AES a opposé à l’image de crise souvent associée au Sahel une volonté politique de redressement et d’intégration régionale. Elle affirme vouloir coopérer avec tous les partenaires, mais dans le respect de la souveraineté des États membres et de leurs choix stratégiques internes.
MD/ac/APA